Protocole UE-Rwanda : La RDC Dénonce un Accord Favorisant le Pillage de ses Ressources Naturelles

Christophe Lutundula Apala Pen'Apala, vice-Premier ministre et ministre des Affaires étrangères et Francophonie

Le gouvernement de la République Démocratique du Congo (RDC), par la voix de son vice-Premier ministre et ministre des Affaires étrangères et de la Francophonie, Christophe Lutundula Apala Pen’Apala, a exprimé sa préoccupation suite à la signature d’un protocole d’entente entre l’Union Européenne (UE) et le Rwanda. Ce document, paraphé le mardi 20 février 2024 à Bruxelles, concerne le développement des chaînes de valeur durables pour les matières premières critiques et stratégiques. La cérémonie de signature a vu la participation de Madame Jutta Erpilainen, Commissaire européenne aux partenariats internationaux, et de Monsieur Vincent Biruta, Ministre rwandais des Affaires Étrangères.

La RDC reconnaît la souveraineté et l’autonomie des entités signataires. Néanmoins, elle pointe du doigt les implications de ce protocole qui, selon elle, facilite indirectement le pillage des ressources naturelles congolaises par le Rwanda. Le gouvernement congolais souligne l’incohérence de cet accord avec les engagements précédemment pris par l’UE, notamment lors de la 2ème session du Dialogue politique RDC-UE en octobre 2020, visant à lutter contre l’exploitation illégale des minerais, en s’appuyant sur le règlement européen sur les minerais de conflit.

La déclaration officielle met en lumière l’absence de minerais critiques et stratégiques tels que le coltan, le cobalt, le lithium et le niobium dans le sous-sol rwandais. Elle rappelle les conclusions d’enquêtes menées par le Parlement congolais, des groupes d’experts de l’ONU et diverses organisations non gouvernementales, qui attestent de l’extraction illégale de ces ressources précieuses du sol congolais par des réseaux mafieux et des sociétés-écrans liées au Rwanda.

Le gouvernement de la RDC considère la signature de ce protocole comme une menace à sa sécurité et un facteur d’aggravation de l’exploitation illégale de ses richesses naturelles. Cette situation est perçue comme un acte d’hostilité qui met à mal la confiance mutuelle nécessaire entre la RDC et l’UE. La déclaration à Kigali du Président polonais, promettant des armes au Rwanda en cas d’attaque contre Kinshasa, est également mentionnée comme un élément exacerbant les tensions.

Patrick Muyaya, porte-parole du gouvernement de la RDC, a relayé ce communiqué sur son compte X, critiquant l’UE pour sa collaboration avec un pays accusé de violations des droits humains et impliqué dans le pillage des ressources congolaises. Il appelle l’Union Européenne à clarifier sa position et à honorer ses engagements envers la fin de la crise sécuritaire et l’exploitation illicite dans l’est du Congo.