RWANDA : UNE DEMOCRATIE DICTATORIALE

Un régime est démocratique s’il permet aux citoyens de contrôler ses dirigeants et aussi de les évincer sans recourir à la violence or dans bien de pays dont les diregeants pour se legitimer à vie recourent aux élections simulacres, la résistance des opposants est réprimée dans le sang. A quoi servent ce genre de scrutins si l’on fait elire indéfiniment? Le président Kagame sous le feu des questions des journalistes a répliqué que la démocratie africaine diffère de celle des occidentaux mais il ne l’a pas nommée. Sans nous laisser berner par un tel tyran, il importe de constater qu’il y a une dizaine de pays africains où la démocratie a réussi notamment le Sénégal, Benin, Zambie; Tunisie, Kenya, Libéria; Nigéria, Afrique du Sud, Ghana, Namibie, Botswana, Maurice, Tanzanie, Ethiopie, Algérie….la liste n’est pas longue hélas. Mais d’autres pays une quarantaine qui aussi recourent aux élections violent les règles de la démocratie. Alors la question qui reste sans réponse est le genre de démocratie pratiquée dans ces vastes contrées et à quoi sert cette consultation populaire entachée de fraudes et irregularités délibérées. La présente analyse tente de résorber ces interrogations.

Le Président rwandais, Paul Kagame

Le Ministre des Transports du Kenya, Kipchumba Murkomen, a dernièrement déclaré que le Rwanda est une « dictature » où tout ce que dit le Président est la loi. Selon la BBC, ces propos n’ont pas été bien accueillis par certains citoyens qui lui ont même demandé de corriger le langage et qu’il n’est pas approprié de publier de tels propos sur un pays voisin. Kipchumba Murkomen a fait ces déclarations dans une interview à Citizen Television, en réponse au débat sur la comparaison du système de transport entre le Kenya et le pays voisin (Rwanda). Après ses propos, les Kenyans lui ont demandé de corriger son langage, craignant que ces propos n’aggravent la mauvaise ambiance entre les deux pays et soient considérés comme provocateurs. Lundi soir, sur Citizen TV, on a demandé à Murkomen pourquoi le Kenya ne changeait pas son système de transports publics comme le Rwanda. Cette hypothèse était basée sur le fait qu’au Kenya, les minibus circulent encore sur les autoroutes, provoquant de nombreux accidents. Cependant, le ministre en charge des transports a déclaré qu’il ne fallait pas comparer le Kenya et le Rwanda, affirmant que « le style politique du Rwanda est différent de la démocratie du Kenya ». Il a déclaré : « Le Rwanda n’est pas comme le Kenya. Le Rwanda est un pays libre où tout ce que dit le président est la loi. » Il a ajouté que le Rwanda est plus petit que la province de Kajiado », une province située à la périphérie de Nairobi. Il a déclaré : « Toute décision que vous prenez dans ce pays doit d’abord passer par l’Assemblée législative, et ensuite le peuple aura son mot à dire plus tard. » Cette déclaration a provoqué un débat sur les réseaux sociaux au Kenya, où beaucoup ont convenu qu’elle pourrait créer une mauvaise atmosphère entre ces pays de la Communauté d’Afrique de l’Est. Dans l’ancien message Twitter de X, répondant à ceux qui continuent de le presser, il a déclaré : « J’apprécie la gestion du Rwanda, où elle fait beaucoup, y compris de nombreuses infrastructures, dont le nouvel aéroport, et les efforts déployés dans la construction de routes ». Non seulement le Rwanda, mais des pays comme les Émirats arabes unis, le Maroc et l’Arabie saoudite, entre autres, ont un style de leadership qui a beaucoup apporté au peuple car leurs dirigeants ont le pouvoir de prendre des décisions fermes. Murkomen a récemment fait la une des journaux à cause de la panne de courant survenue au principal aéroport du Kenya à Nairobi, l’aéroport Jomo Kenyatta. Ses commentaires sur le Rwanda interviennent un jour après que le président Ruto a déclaré que les relations étrangères du Kenya avec ses voisins s’avéraient « parfaites ».

2.Analyse 

Une série de défis politico-juridiques risquent de démasquer les dictatures africaines mais n’étant pas dupes,nos tyrans savent bien les contourner pour tromper la communauté internationale obligée de les tolérer par pis-aller.  

1)Le souci de légitimité

Malgré que l’on s’est approprié le pouvoir souvent par la force et que dans son for intérieur on ne compte pas le quitter, mais tant qu’on n’a pas adopté la monarchie comme mode de gouvernance, le système républicain implique des mandats de représentation.Pour justifier le maintien “monarchique” au pouvoir de nos dictateurs, cette entrave est levée par des élections façades où tout est joué d’avance aussi longtemps qu’on a son armée et sa commission électorale.  En effet, la légitimité décrit la qualité de la relation entre la structure politique et la société d’un pays. Elle désigne l’existence d’une justification morale à la détention de l’autorité par un pouvoir politique (vision normative), mais également la reconnaissance par la population de cette autorité (vision positive). La légitimité du pouvoir politique est souvent abordée via la nature du régime politique en place, c’est-à-dire la manière dont sont organisés l’accès au pouvoir et son exercice. Elle décrit alors la nature du régime, de l’autocratique au démocratique – ce dernier garantissant les conditions de légitimité du pouvoir politique. L’approche est ainsi normative. La mesure la plus fréquente de la nature démocratique d’un régime est le « score de régime politique » (Polity score) développé par le Center for Systemic Peace. Cet indicateur classe la légitimité sur une échelle hiérarchique, du régime totalement démocratique (score de 10) au régime totalement autocratique (la monarchie, avec un score de –10) en passant par un spectre de situations intermédiaires, appelées anocraties. Chaque année, un score est estimé pour chaque pays. Six critères permettent de caractériser les régimes comme plus ou moins démocratiques. Trois concernent le recrutement des gouvernants : l’existence de règles de recrutement (règles établies, ou à l’inverse absence de règles), le caractère concurrentiel du recrutement (désignation sans concertation ou élections), l’ouverture du recrutement (le fait que plusieurs groupes aient accès au processus de recrutement). Le quatrième critère concerne l’existence et le respect de la règle de décision. Les deux derniers critères qualifient la concurrence politique: d’une part, le format de participation au débat politique (partis s’affrontant traditionnellement ou groupes ponctuellement formés pour défendre un intérêt spécifique), d’autre part la concurrence pour la participation (d’une répression totale des parties adverses à la concurrence admise des opinions).

2)Popularité aux forceps

Pour prouver à ses mentors et bailleurs de fonds que sa gouvernance a atteint le grand public rwandais, le PFR a institué des représentations au sein de tous les établissements publics et privés et au niveau des entités administratives de base avec pour fin de cultiver son image soit-disant de messie du pays diabolisant les régimes qui l’ont précédé. Dans la même optique, les lauréats des écoles secondaires doivent suivre une formation militaro-civique où ils sont endoctrinés; les formateurs ne faisant que venter les exploits de l’ancienne rebellion FPR devenue maître du pays.Mais,ils ignorent que la plupart de ces enfants ont des parents tués par le même FPR lors des opérations de vengeance qui ont suivi sa victoire diligentées par des criminels comme Charles Kayonga; Patrick Nyamvumba; John Gashayija Bagirigomwa, Emmanuel Gasana;Gacinya; Jack Nziza; Wilson Gumisiriza, Karenzi Karake,Kabarebe, Fred Ibingira; Captain Kiyago;  la liste est longue. Ils ignorant que la plupart de leurs parents sont incarcérés dans les prisons-mourroirs du Rwanda.

3)La solution juridique

Pour assurer leur pérennité au pouvoir, les régimes autoritaires tripatouillent la constitution pour lever la limite des mandats ainsi que l’âge des candidats et augmentant le nombre des années que dure chaque mandat allant du quinquennat au septennat. Cest le cas des pays comme la Guinée Equatoriale, Erythrée, l’Ouganda,le Congo et le Cameroun où Ngwema; Afuerki, Museveni, Sassou et Bia ont déjà dépassé trois décennies sinon quatre au pouvoir. Cest aussi le cas du Rwanda,Burundi,Gabon;Togo, Côte d’Ivoire où les constitutions ont été révisées pour permettre aux présidents de se faire élire indéfiniment.  

4)La traque des opposants

Le Rwanda vient en tête des régimes qui persécutent les opposants politiques tant au niveau interne qu’à l’étranger. L’on se souvient de fraiche mémoire des assassinats du colonel Karegyeya; des généraux Mudacumura; Mugaragu et général Dr. Mupenzi Jean de la Paix ; Colonel Jean Marie Vianney Kanzeguhera; Lt Revocat,Me Mutunzi Donat et Me Nzamwita Toy; Ben Rutabana, Uwiringiyimana Juvénal, Théogène Turatsinze; Bamporiki Seif; Camir Nkurunziza; Rizinde; Seth Sendashonga; les attentats avortés contre le général Kayumba Nyamwasa. A l’intérieur du pays, un bon nombre de citoyens tués par le régime entre autres les mucisiens Kizito Mihigo et Jay Polly; le poète Rafiki; Dr Emmanuel Gasakure; Ntwari William, Charles Ingabire; Jean-Léonard Rugambage; André Kaggwa Rwisereka; Alfred Nsengimana ;Bukuru Ntwari; Rwigara Assinapol; Abbé Karekezi Dominique; Mgr Misago; des prisonniers politiques tels que Mushayidi Deo; Ntaganda; Ingabire Victoire; Peter Erlinder; Munyakazi Léopold; Léon Mugesera; Idamange Yvonne; Karasira;Paul Rusesabagina; des journalistes incarcérés comme Nshimiyimana Jean Baptiste, Niyonsenga Shadrack, Mutuyimana Jean Damascène, father Guy Theunis; Cyuma Hassan ; Théoneste Nsengimana; Hakuzimana Abdou Rashid; Nkusi Joseph; Nkundineza Jean Paul, Dr Kayumba Christopher, la liste est longue. Pire encore, on n’oubliera pas l’achat du logiciel Pegasus pour espionner ses opposants à des sommes incommnesurables malgré la famine qui ravage sa population. 

5)Où allons-nous: un cul-de-sac

Tels les résidents de l’enclave de Gaza sous l’occupation israélienne avant le 7 octobre 2023, le Rwanda de Paul Kagame est une prison d’où nul ne sort. La population rwandaise est timorée car terrorisée par un régime sanguinaire qui espionne tout; tue de sang froid quiconque est soupçonné à tort ou à raison de s’y opposer; accapare des richesses du pays au profit d’une clique dont les membres se relaient les hautes fonctions du pays sans partage réduisant les autres intellectuels au chômage, appauvrit les commercants par des surtaxes et contributions aux caisses du FPR; livre la population à la famine dont l’issue n’est pas prévisible. Pire encore, cette impasse durera car le régime s’appuie sur l’absence d’insécurité interne et les missions de maintien de la paix qu’il négocie pour payer les soldes de ses militaires et cultiver une belle image pour ainsi s’attirer la sympathie de l’occident qui l’a installé au pouvoir depuis 1994. 

Conclusion

Ainsi, sont généralement associés à la démocratie libérale un certain nombre de principes et de valeurs, qui se rapportent soit aux principes de la représentation démocratique, soit aux principes du libéralisme (y compris du libéralisme économique), parmi lesquels : l’existence d’un État de droit; l’élection des représentants, aujourd’hui le plus souvent par le suffrage universel direct, avec le principe : un citoyen = une voix (égalité politique) ;la recherche de l’intérêt général et le respect de la volonté générale (ceux-ci étant néanmoins généralement définis par les dirigeants eux-mêmes; de plus, volonté et intérêt général, en plus d’être des notions abstraites, peuvent apparaître comme possiblement conflictuelles) ;l’égalité des droits (ou égalité face à la loi) ;la garantie des libertés fondamentales, soit, généralement, le respect des droits de l’homme, notamment la liberté de conscience et de culte, la liberté d’expression et de la presse, la liberté de réuniond’association (celle-ci impliquant le multipartisme, et de circulation, ou encore le droit de propriété et, pour ce qui est des démocraties libérales contemporaines, la liberté de commerce (libre-échange), etc.

Malheureusement, ces droits sont inexistants sous nos démocraties dictatoriales où l’on se légitime par des élections trichées pour leurrer la communauté internationale pour enfin se maintenir au pouvoir se prétendant “indispensable et incontournable” pour leur peuple. L’ostracisme est l’une des solutions pour extirper les dictateurs. En effet, le but de l’ostracisme était d’éviter le retour de la tyrannie. L’ostracisme offrait la possibilité aux citoyens de bannir pour de longues années toute personne pouvant mettre en danger la démocratie du fait de sa popularité politique. On inscrivait le nom de celui qui semblait le plus dangereux pour l’État. Ce dispositif indique clairement que la démocratie se méfiait de toute dérive dictatoriale. En effet, une personnalité politique qui est trop populaire peut facilement renverser le régime en influençant les gens et mener à une tyrannie. Au siècle de Périclès « la fonction de l’ostracisme était précisément de ne pas permettre la montée au pouvoir d’un dictateur populiste. De même l’eisangelia était une procédure qui donnait la possibilité de mettre en accusation un magistrat. Une solution loin d’être une panacée pour les africains en général et les rwandais en particulier sous l’épée de Damoclès. Alors, qui nous tirera de cet engrenage? On ne vit qu’une fois; le temps nous le dira tôt ou tard.