Le Procès de Rashid Hakuzimana : Entre Liberté d’Expression et Accusations de Négation de Génocide au Rwanda

À Nyanza, le 8 février 2024, le tribunal de grande instance de Nyanza, situé dans le sud du Rwanda, a poursuivi le procès de Rashid Hakuzimana, accusé de quatre chefs d’accusation, y compris le déni et la minimisation du génocide. Le procureur a déclaré au tribunal que l’accusé avait affirmé l’existence de deux génocides au Rwanda, une déclaration constituant un crime de négation de génocide.

Rashid Hakuzimana, détenu depuis 2021, nie les accusations portées contre lui, se présentant comme un militant politique privé de son droit à la liberté d’expression. Le bureau du procureur a introduit des vidéos censées contenir des preuves des crimes de négation et de minimisation du génocide pour lesquels Rashid Hakuzimana est poursuivi. Toutefois, pendant la projection de ces vidéos, Rashid a demandé la parole, accusant le tribunal de partialité et demandant son acquittement.

Le juge a répondu que l’accusé pouvait quitter la salle d’audience s’il le souhaitait, mais que le procureur continuerait à exposer ses accusations. Rashid a alors élevé la voix, déclarant : « Vous étouffez ma parole, Monsieur le Président du tribunal ». Le juge a ordonné que cette réclamation soit consignée dans le rapport du procès comme une allégation de partialité et de répression de la parole par le tribunal.

Poursuivant sa plaidoirie, le procureur a expliqué que les accusations de négation et de minimisation du génocide reposaient sur des conférences que Rashid Hakuzimana avait données sur diverses chaînes YouTube, y compris la sienne. Concernant l’accusation de nier le génocide, le procureur a mentionné que Rashid Hakuzimana avait suggéré que les commémorations du génocide devraient être abolies ou modifiées pour inclure également le souvenir des Hutus décédés.

Des vidéos présentées au tribunal incluaient des déclarations de Rashid Hakuzimana critiquant le gouvernement pour avoir construit un village exclusivement pour les survivants du génocide de l’ethnie Tutsi, ce que le procureur a qualifié de minimisation du génocide.

Au cœur du procès, Rashid Hakuzimana est également accusé d’incitation à la haine ethnique et de diffusion de fausses informations via YouTube. L’accusé, se décrivant comme un politicien et un journaliste amateur, réfute ces accusations, arguant que ceux qu’il aurait lésés auraient dû avoir l’opportunité de répondre via sa chaîne YouTube ou de porter l’affaire devant l’autorité de régulation des médias.

Le procès est prévu de se poursuivre le 14 mars 2024.