Par Marc Matabaro
Shingiro Mbonyumutwa sera inhumé en Belgique ce vendredi 4 mars 2022 d’après les informations communiquées par sa famille.
La messe pour dire un dernier adieu au défunt aura lieu à la Basilique Nationale du Sacré-cœur qui se trouve à Bruxelles, dans la commune de Koekelberg, tandis que l’inhumation aura lieu au Cimetière du chant d’Oiseaux dans la commune d’Anderlecht à Bruxelles.
Shingiro Mbonyumutwa est décédé de cause naturelle ce mardi 22 février 2022 à l’hôpital Molière Longchamp situé à Bruxelles.
Qui est Shingiro Mbonyumutwa?
- Famille, études, vie professionnelle
Shingiro Monyumutwa est né le 27 février 1942 à Kamonyi- Taba au Rwanda et est décédé le 22 février 2022 à l’hôpital Molière Longchamp à Forest-Bruxelles.
Il est le fils ainé de Dominique Mbonyumutwa, premier prédisent du Rwanda et de Sophia Nyirabuhake.
Il est l’époux de Dorothée Uwimbabazi avec laquelle il s’est marié le 8 septembre 1973 à Kabgayi. Ils ont eu ensemble 6 enfants, Maryse Mukangabo Mbonyumutwa, née en 1974, Patrice Rudatinya Mbonyumutwa, né en 1975, Jean-Claude Semucyo Mbonyumtwa, né en 1976, Gustave Mutware Mbonyumutwa né en 1977, Mugabe Mbonyumutwa née en 1984, et Ruhumuza Mbonyumutwa né en 1985.
Shingiro Mbonyumutwa a fait ses études primaires à Kabgayi et de 1957 à 1964 il a fait ses études secondaire au Collège Saint-André de Kigali et avant de les terminer au groupe scolaire de Butare.
De 1964 à 1971 il a fait des études de géologie à l’Université de Montpelier en France et en sociologie du travail à l’Université Libre de Bruxelles en Belgique.
Il est rentré au Rwanda en 1971 où il a travaillé dans l’administration publique jusqu’en 1973 année au cours de laquelle il a été nommé Ministre du plan.
De 1976 à 1980 il a travaillé pour la SOMIRWA (Société Minière du Rwanda).
De 1980 à 1983 il a travaillé à Gisenyi comme expert auprès des Nations Unies avant de poursuivre ses études de troisième cycle en Belgique
Il est ensuite rentré au Rwanda en 1987 pour se lancer à son propre compte.
- D’un point de vue associatif et politique :
Il a été président de l’association des étudiants rwandais en France de 1964 à 1969.
De 1969 à 1971 il a été président de l’association des étudiants rwandais en Belgique.
De 1991 à juillet 1994 il a été membre du bureau politique du Mouvement démocratique rwandais (MDR).
En 1992 il a fondé et présidé l’ASBL DEMOPRO (Démocratie pour le Progrès), une ASBL de droit rwandais ayant pour objectif de promouvoir la démocratie et les droits de l’Homme au Rwanda.
- Justice internationale
Il est arrivé en Belgique le 26 aout 1994, après être passé par le Zaïre, où il a introduit une demande d’asile.
Le 17 juin 1999 sa demande d’asile a été rejetée par la commission permanente de recours des réfugiés au motif qu’il y’aurait « de sérieuses raisons de penser qu’il aurait soutenu en connaissance de cause le génocide ».
Peu après son arrivée en Belgique, il a fait l’objet d’enquêtes de la Belgique pour voir si il aurait participé au génocide. Ces enquêtes se sont avérées négatives (comme le montre une lettre écrite au juge d’instruction dont The Rwandan a obtenu copie) jusqu’au 9 octobre 1996 ou les juridictions belges ont été dessaisies du dossier au profit du TPIR.
Dans une lettre du 14 octobre 1997 dont The Rwandan a obtenu une copie, le TPIR confirme avoir démarré des enquêtes sur Shingiro Mbonyumutwa, mais que ce dernier continuait de bénéficier de la présomption d’innocence « quel que soit ce que la presse écrit».
Une lettre du TPIR du 9 février 2004 dont The Rwandan a également obtenu une copie, affirme que Shingiro Mbonyumutwa n’a jamais été poursuivi par ce tribunal, ce qui montre qu’il n’a pas fui la justice contrairement aux affirmations de certains supporters de Kigali.
Il convient enfin d’ajouter, concernant le TPIR, que Shingiro Mbonyumutwa a été convoqué à quatre reprises comme témoin devant le TPIR dans des procès qui ont abouti à des acquittements, notamment ceux de membres du gouvernement intérimaire.
- En ce qui concerne la justice Rwandaise :
Shingiro Mbonyumutwa a été poursuivi devant les juridictions Gacaca suite à des accusations de vol de 200 vaches au moment du génocide. Il a définitivement été acquitté le 26 septembre 2011 (The Rwandan a obtenu une copie du jugement).
En ce qui concerne les juridictions ordinaires, les enquêtes se sont également révélées négatives et en 2018 son nom a été retiré de la liste des personnes recherchées par le parquet rwandais pour leur rôle présumé dans le génocide.
En novembre 2019 la CNLG a également publié une enquête de 437 pages sur le génocide des tutsis dans la préfecture de Gitarama ainsi que les responsables présumés. Le nom de Shingiro Mbonyumutwa n’apparait nulle part, dans cette enquête.
Qu’il repose en paix.